Startups et réindustrialisation de la France
Depuis notamment la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine, nos dépendances à des produits stratégiques importés a montré les failles de notre souveraineté. De grands pans de notre industrie ont disparu depuis les années 70. Cela a mis en lumière la nécessité impérieuse d’une réindustrialisation. Les startups doivent participer à cette reconquête, poussées par les grands donneurs d’ordres. La France doit retrouver son indépendance et créer des géants technologiques industriels tout en prenant en considération les enjeux de décarbonation et de résilience des modèles d’affaires. Cet article se penche sur les causes profondes de la désindustrialisation et interroge sur la voie à suivre pour renouer avec la vigueur de notre industrie nationale. Comment pouvons-nous, collectivement, rétablir et revitaliser le tissu industriel qui a marqué notre histoire ?
Aux origines de la désindustrialisation
Entre 1995 et 2015, la France s’est vidée de la moitié de ses usines. En chiffre, le PIB de l’industrie pesait au troisième trimestre 2021 13,4 % contre 23% en 1980, et plus de 30% dans les années 1950 ! La première cause de cette désindustrialisation est la concurrence des pays émergents ayant des couts de production inférieurs. Nous avons donc délaissé les productions pour nous spécialiser sur la très haute-valeur ajoutée. Et à force de délaisser certaines productions que nous jugions sans intérêt il y a de cela quelques années, nous avons également perdu en partie le savoir-faire. Les plans sociaux se sont multipliés en France, tandis que des usines situées dans des pays à bas coûts raflaient les productions. Certains économistes avançaient même qu’une économie sans usine (fabless) est une économie développée. Les difficultés actuelles d’approvisionnement montrent l’hérésie de tels propos. Dans les années 2000, le passage aux 35 heures a profondément déstabilisé notre structure de cout face à des pays ayant un droit du travail à l’opposé du notre. Il a fallu quelques années pour améliorer notre productivité sur un nombre d’heures inégales face à la concurrence mondiale.
Quelques pistes pour réindustrialiser
Pour réindustrialiser notre pays, voici quelques pistes que nous avançons. Il faut tout d’abord valoriser l’industrie. L’image n’est pas celle de Germinal, mais plutôt de belles PME ancrées pour certaines depuis longtemps sur les territoires et offrant des défis techniques à la hauteur de leur ambition. L’école doit aussi orienter vers les métiers de l’industrie. Plutôt que des licences ou masters ayant des débouchés plus que douteuses dans des métiers peu concrets. L’industrie, c’est percevoir ce que l’on fait et avoir un impact direct sur la chaine de valeur. Dans notre milieu, nous trouvons sans difficulté un sens à notre travail. Disons que c’est plutôt la charge de travail qui peut être un sujet 😉 Par exemple, un bon soudeur va très bien gagner sa vie. Il y a également la possibilité d’évoluer, contrairement à d’autres secteurs. La culture doit aussi contribuer à la réindustrialisation : les films ou série doivent montrer et valoriser les ingénieurs et techniciens.
Industrie collaborative et rapport au travail
L’industrie doit s’adapter aussi au nouveau rapport au travail. Que ce soit des jeunes passionnés ou des experts, le statut d’ingénieur freelance s’inscrit dans une industrie collaborative. C’est indispensable pour relever tous les challenges actuels et à venir. 52% des jeunes de 18-24 ans veulent devenir entrepreneur selon une enquête publiée par OpinionWay en mars 2023. Il faut trouver les bonnes personnes pour faire tourner les usines. Et dans le bon temps pour tenir les engagements Clients. Avons-nous encore le temps de mettre un an à recruter une personne en CDI ?
Territoire et industrie
La stabilité géopolitique demeure essentielle pour assurer une énergie accessible à des prix maîtrisés et l’accès à des réseaux de transport. Par exemple, les installations d’usines de batterie à Dunkerque illustrent certaines forces du modèle français. En outre, il y a un véritable enjeu par rapport aux normes qui créent des concurrences déloyales à l’échelle européenne et mondiale. Les politiques protectionnistes de certains états doivent être harmonisées, notamment les droits de douane. Il serait opportun d’imposer davantage l’achat local pour les grands donneurs d’ordres ou les marchés publics, en insistant sur les circuits courts. L’origine et la traçabilité du made in France sont à valoriser. Il faut également protéger le savoir-faire français, en évitant que des capitaux étrangers abiment notre génie français. Nous pouvons citer en exemple General Electric. Par ailleurs, le foncier est un élément décisif. Nous affirmons avec détermination que l’avenir de l’industrie passe par les territoires. Le foncier y est plus attractif, et les travailleurs y trouvent un cadre de vie prospère. Il faut toutefois allouer les terrains adéquats. Avec parfois des dépollutions nécessaires ou des travaux importants pour requalifier des friches industrielles.
Vers une réindustrialisation de la France
En conclusion, des initiatives existent, notamment territoire d’industrie ou encore la communauté La Facto!, qui impulsent une nouvelle dynamique. La réindustrialisation prendra du temps avec comme premier jalon marquant France 2030. Depuis 2018, l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques) mesure que le nombre d’usines qui ouvrent est supérieur au nombre d’usines qui ferment. Bonne nouvelle ! Parler industrie est désormais un sujet de société, que ce soit chez les politiques ou les médias, et nous nous en réjouissons. Nous travaillons quotidiennement à insuffler cet état d’esprit, chez les jeunes que nous rencontrons ou avec nos partenaires.